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Anciens des Services Spéciaux de la Défense Nationale ( France ) - www.aassdn.org -  
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BIBLIOGRAPHIE - EXTRAITS DIVERS (sommaire)
CHAPITRE XII : LES RÉSEAUX POLONAIS « PAX » ET LA PÉNÉTRATION DANS L’ÉGLISE
 

Extraits de l'ouvrage " L'espionnage soviétique en France " - 1964

Voir la présentation de cet ouvrage sur notre site   

par Pierre de Villemarest

Le 3 novembre 1964 un jeune parisien d'une vingtaine d'années, Robert F..., quitte sa petite chambre de la rue Raymond-Losserand, à Paris, pour gagner à une heure fixée d’avance la place de la Porte -Saint Cloud. Il y a rendez-vous avec un ami pour lui remettre une documentation sans doute précieuse, tant il a insisté pour le voir au plus vite. Robert F... milite dans un groupe de jeunes catholiques troublés par l'évolution de leur Église en direction d'un modernisme qui remet en clause non seulement les rites mais aussi certains des fondements d'un Dogme millénaire, notamment au nom d'un « dialogue avec le monde communiste dont on leur assure qu'il se « libéralise ». F... et ses amis ne croient pas au nouvel « humanisme » de l'Est européen.

Le voici bientôt sur le quai de la station de métro Duroc. Il y a peu de monde. Un grondement signale l'approche du train. Il s'aligne en surplomb de la voie, comme tous les voyageurs. Le métro entre en gare. A ce moment quelqu'un hâtivement derrière lui, le bouscule, puis s'éloigne sans se retourner vers la sortie. F... est tombé sur les rails, happé au passage par la locomotrice. C'est la mort instantanée.

Cris, attroupements, discussions. Deux témoins appellent le chef de gare ; ils ont vu un inconnu pousser délibérément leur voisin de quai alors qu'il n'y avait aucune affluence particulière, et que l'intéressé, au lieu de rester, s'enfuyait vers la sortie. Survient dans le groupe un digne ecclésiastique, qui conteste avec véhémence la version des témoins. C'est de l'affabulation. L'homme qui gît entre les rails s'est jeté volontairement sous le métro. Et qui oserait contester la parole d'un prêtre ? Embarrassé, le chef de station remet l'affaire entre les mains du Commissariat local. Entre temps le prêtre s'est éclipsé.

Le dossier aboutit sur le bureau du Commissaire B..., à la Police Judiciaire. Or le Commissaire a bien autre chose à faire qu'à s'occuper d'un accident de la circulation, Homicide ? On verra. Pour le moment ses inspecteurs harcèlent en priorité les derniers rescapés encore en fuite des milieux qui combattaient pour « l'Algérie Française ». C'est seulement trois jours après « l'accident » que débute l'enquête,

Au cours d'une perquisition rue Raymond Losserand on découvre un livre ouvert, paraît-il, dont plusieurs passages ont été soulignés. Cet ouvrage traite du suicide. Affaire simple. Cela prouve que Robert F... mystique bien connu, avait l'intention de se tuer.

L'enquête est close, Le Commissaire B... va pouvoir consacrer tout son temps à la chasse aux activistes,

Qui était donc Robert F...? Fils d'un colonel en retraite, il était entré au séminaire. Quelque temps plus tard, de vives discussions l'ont opposé à ses supérieurs à propos du communisme dont il refusait de croire à la sincérité comme « compagnon de route ». F... a quitté cette communauté, après plusieurs éclats, Il est alors entré dans un groupe de jeunes catholiques, attachés à leur dogme et aidant au mieux de leurs possibilités et de leurs convictions les réfugiés catholiques, orthodoxes, protestants ou non croyants de l'Est européen.

Dans ce milieu F... a rencontré des spécialistes des problèmes communistes qui enquêtaient sur une certaine organisation « PAX », originaire de Pologne et qui depuis quelques années développait ses relations à l'intérieur de la hiérarchie et des fidèles catholiques de France.

C'est avec l'un de ces spécialistes que F... avait rendez-vous, le 3 novembre. Il venait de terminer une enquête assez longue et minutieuse, assez révélatrice puisqu'elle lui avait fourni des noms et adresses de prêtres, séminaristes ou pratiquants en rapports avec des délégués clandestins de « Pax » en France.

Celui qui l'attendait, Place de la Porte -Saint-Cloud, a piétiné longtemps ce jour-là, dans le bistrot où ils avaient coutume de se rencontrer. Ce fait prouve déjà que la thèse du suicide ne tenait pas. Pour ceux qui connaissaient Robert F..., homme de Foi et qui vivait intensément, cette thèse tient encore moins. Rien dans ses propos ni dans son attitude des derniers temps et la veille encore de « l'accident », ne permettait de croire au suicide. La suite des événements infirme définitivement les conclusions du Commissaire B...

 

TROIS CROIX EN SIX SEMAINES A L'ACTIF DU RÉSEAU PAX

L'homme qui attendait F..., c'est un certain Ernile Bo... Il a soixante et un ans. Il est bien connu des milieux politiques et policiers. A quinze ans en effet Bo... adhérait aux Jeunesses Socialistes. Au moment de la scission du Congrès de Tours, il a opté pour le Parti Communiste dont il est bientôt devenu Premier Secrétaire pour les Organisations de Jeunesse du XXe arrondissement de Paris. Un peu plus tard Bo... a été responsable de la rubrique des « rabcors » au journal L'Humanité. C'est-à-dire que les initiés lui passaient les renseignements non secrets susceptibles de servir la propagande du Parti dans les usines et entreprises.

En 1933-1934 pourtant, Emile Bo... décide de quitter le P.C.F. Les affaires d'espionnage qui pour la seconde fois en dix ans mettent en cause les « rabcors », lui ont prouvé que le P.C.F. n'est qu'une filiale au service exclusif de Moscou. Il se lance alors dans le journalisme politique et se spécialise dans le combat contre l'action communiste dans les municipalités et la détection des réseaux d'espionnage soviétiques.

Lorsqu'en 1947 le Préfet de Police Léonard autorise la création de la discrète 7e Section des Renseignements Généraux, avec l'approbation du Ministère de l'Intérieur, les spécialistes des problèmes communistes sont rares, Il s'agit de reconstituer le fichier disparu dans la débâcle de 1940, et de le compléter. Cette Section est confiée au Commissaire Jean Dides, alors Président du Syndicat des Commissaires de Police de la ville de Paris. Dides organise sa Section en marge des services officiels de la Préfecture. Il confie le travail technique à l'ancien Commissaire des Renseignements Généraux Charles D..., qui lui-même fait appel à Emile Bo... et à plusieurs anciens collaborateurs de Jacques Doriot.

A l'époque « M. Charles », dit « La Bobine » du temps où ses collègues le considéraient comme inégalable en matière de filatures discrètes, est un évadé. Jugé et condamné pour « collaboration » à la Libération, il a réussi à prendre le large à la faveur d'une émeute. Il n'a jamais arrêté ni torturé de patriotes. Nombre de ses anciens supérieurs ou collaborateurs protègent sa clandestinité. Le Commissaire Dides avertit ses supérieurs du genre d'adjoints dont il s'est entouré. Ils ferment les yeux. Le Président Auriol propose d'ailleurs de grâcier D... pour qu'il redevienne un homme comme tout le monde.

Mais l'ex-Commissaire devrait d'abord se constituer prisonnier et repasser en jugement. Il refuse. C'est donc tout à fait clandestinement qu'il organise la 7e Section. Il dispose bientôt d'au moins cinq bureaux discrets dans Paris, jusqu'à ce que survienne « l'affaire des fuites », en 1954, puis sa conséquence ; la dissolution de la 7e Section. Charles D... quitte la France. Il devient conseiller du Président du Congo Brazzaville pour la lutte anti-subversive. Puis il est revenu à Paris et des organisations catholiques lui ont demandé d'enquêter sur « Pax », dont nous exposons plus loin les buts,

Trois semaines après « l'accident » de Robert F..., Emile Bo... sort d'un rendez-vous avec un professionnel du Renseignement en activités légales, car il va de soi que les informations touchant à la Sécurité sont communiquées par D... et par lui à qui de droit. Bo... n'a pas vu qu'il était filé, tandis que la nuit tombait sur Paris. A l'aube, on retrouve son corps dans une petite rue peu fréquentée. Ses poches ont été vidées. Il n'a même plus de papiers d'identité. Ce sont des intimes qui reconnaîtront son corps, après plusieurs jours de recherches.

Pour l'équipe de «M, Charles », l'avertissement est clair. Le réseau « Pax » l'a découverte. Depuis plusieurs mois d'ailleurs une vive campagne a été déclenchée dans la presse non-communiste contre la pénétration marxiste dans l'Église. Même des écrivains journalistes, éditeurs, tel Georges H..., jusqu'alors favorables à « Pax » en dépit des avertissements du Cardinal polonais Wyszynski, ont dû convenir du sérieux de plusieurs mises en garde, dont celle du Secrétariat de l'Épiscopat français. « Pax » a contre-attaqué.

« M. Charles » signe immédiatement un contrat qu'on lui proposait au Brésil, pour y accomplir la même tâche qu'autrefois au Congo, contre les communistes. Mais il ne prend pas assez de précautions. La veille de son départ pour Sao Paulo, il se rend une dernière fois dans un café -brasserie de la Porte Saint-Cloud où l'on connaissait sa silhouette. II y prend une consommation. Il descend aux toilettes. Longtemps après des clients s'étonnent qu'une des portes reste obstinément close. Le patron intervient. On découvre le cadavre de « M. Charles ». Mort discrète. Etouffée. Personne n'en parlera, pas plus que de celle d'Emile Bo... quelques jours plus tôt.

Ce sont trois croix en six semaines à l'actif des tueurs du contre-espionnage polonais en France. Si l'on compte l'assassinat de Mr..., en octobre précédent, cela fait quatre assassinats en moins de trois mois, dans la Région parisienne. Les tueurs ont agi en cascade, avec méthode, sans traces, aussi aisément semble-t-il qu'à l'époque où les Services Soviétiques enlevèrent dans Paris le Général russe Miller.

 

PÉNÉTRATION A DOUBLE EFFET DANS LES MILIEUX CATHOLIQUES

L'action du groupe D... était fatalement vouée au drame. « M. Charles » était un excellent policier, Bo..., un parfait connaisseur des méthodes communistes, F..., un jeune homme plein de Foi, de passion et d'abnégation. Mais le métier des uns, l'abnégation de tous - car ils vivaient modestement, à la différence de ceux qui font de l'anti-communisme un gagne-pain aussi rentable pour eux-mêmes qu'inefficace contre l'adversaire -, ne pouvaient suffire, ni pallier l'absence des moyens dont disposent les Services de Sécurité officiels. Ils agissaient sans protections ni « couvertures » comme celles dont bénéficient les spécialistes.

Leur initiative s'explique quand on se souvient de l'époque, de la glorification par de hautes personnalités, de Maurice Thorez dont on dit « qu'il a bien servi l'État », de Rol-Tanguy et des F.T.P.F., de la coopération de plus en plus active avec l'U.R.S.S. En un mot d'une politique qui nécessairement conduisait à penser que les Services de Surveillance du Territoire ne pouvaient qu'être entravés et freinés dans leurs activités.

Au Caire, à Alger, la coopération égypto et algéro-soviétique s'accompagne sans gêne de la mise en prison des communistes, En France, elle implique que le P.C.F. est un partenaire dans le jeu politique français. Les multiples affaires d'espionnage découvertes dans la période 1960-1964 montrent que les espions soviéto-satellites se croient tout permis. Il ne s'agit pas de polémique, mais d'un constat. Considérant l'affaire « PAX », ce qu'est ce Mouvement, de quel courant il émane et pour quelles intentions, il est évident qu'un petit groupe privé n'est pas de taille pour juguler son action. Son histoire doit être connue. Dès le début des années 50 les Services Secrets de l'O.T.A.N, ont découvert qu'en marge des habituels réseaux d'espionnage et de contre-espionnage, les Soviétiques avaient mis sur pied une Section spécialement chargée de la pénétration des Églises. Dans les pays satellisés, il s'agissait évidemment de noyauter celles-ci pour les contrôler, sinon pour les désintégrer, depuis 1945. A partir de 1949 un second objectif est greffé sur le premier ; pénétrer les Églises occidentales, catholiques, orthodoxes, etc.… exactement comme d'autres spécialistes pénètrent les Organisations Musulmanes, Protestantes et autres. Puis d'une part y chercher des « compagnons de route », d'autre part y recruter des agents.

A l'époque, le « grand maître » de l'opération est un ancien prêtre du régime tsariste ; Vassili GORELOV, devenu Colonel du M.V.D, (Ministère soviétique de l'Intérieur). En 1951 Gorelov installe des bureaux à Varsovie. De là il supervise des Écoles spécialisées dans la formation d'agents destinés à devenir prêtres, pasteurs, Muftis, etc. En Crimée, on instruit les agents prévus pour la pénétration des Églises chrétiennes dans les pays latino-américains et européens. En Roumanie, près de Constantza, on s'occupe de la pénétration du milieu musulman. En Lettonie, de l'action future au sein des Églises d'Angleterre, de Scandinavie, de Hollande, d'Allemagne et d'Autriche. A Varsovie, Vassili Gorelov et ses adjoints manipulent depuis un certain temps déjà un certain Boleslaw Piasecki. Condamné à mort en 1944 parce qu'il travaillait en 1938 déjà pour les Services Secrets nazis, il n'a été sauvé qu'en acceptant de travailler pour l'U.B. (Office de Sécurité Intérieure polonais) dans le dépistage des catholiques anti-communistes.

Son succès est tel qu'à partir de 1953-1954 le Kremlin décide d'élargir le travail de Piaseclti, à partir de la Pologne, jusqu'à l'Europe Occidentale. Son budget annuel est à ce moment de 100 millions de Zlotys, soit l'équivalent de vingt-deux tonnes d'or fin.

Le groupe « Pax » naît ainsi, qui groupe en Pologne les catholiques « progressistes », y compris des prêtres soumis au régime, et qui se destinent par là aux contacts avec les catholiques occidentaux de même tendance, au nom « de la paix », du « dialogue est-ouest » etc.

Piasecki ne cache guère ses intentions. Il suffit de lire les éditoriaux signés de lui dans les publications de « Pax ». Ainsi en 1955 : « NOUS NOUS EFFORCERONS DE FACILITER LE PROCESSUS HISTORIQUE INÉVITABLE QUI OBLIGERA L'ÉGLISE A RÉVISER SES POSITIONS ! » En 1956 il explique: « POUR QUE LA POLOGNE PUISSE SERVIR DE MODÈLE, IL FAUT QU'AU PLUS VITE LE CATHOLICISME POLONAIS DEVIENNE PROGRESSISTE ET COLLABORE ACTIVEMENT A L'ÉDIFICATION DU SOCIALISME…» De modèle à qui? Déjà ses agents sont à l'oeuvre, en France, en Belgique, en Suisse, en Hollande, en Allemagne Il s'agit soit de communistes entrés dans les ordres sur instructions de leur parti, soit de prêtres passés au communisme dans le secret, soit de journalistes et d'écrivains. Tous vont et viennent entre Varsovie et l'Occident, prenant des contacts avec leurs homologues de nos pays, et mettent au point, avec un nombre restreint d'initiés, les moyens de pénétrer la hiérarchie de l'Église et la société catholique toute entière, en sorte d'infléchir ses points de vue dans le sens désiré par Moscou.

Les émissaires de « Pax » ont les coudées franches. Ils ne se gênent pas pour critiquer « les excès regrettables » de quelques-uns de leurs dirigeants. Ils proclament néanmoins que d'autres, parmi ces dirigeants, sont des « modérés » grâce auxquels l'Église poursuit son oeuvre dans les pays communistes. Que sans « le conservatisme » de quelques cardinaux, évêques ou prêtres, la Foi s'épanouirait totalement à l'Est. Cette lente pénétration des Églises pour les désintégrer de l'intérieur et les conduire à réviser les fondements de leur dogme se double d'un travail subversif et relevant exclusivement de l'espionnage. La branche intéressée est bien entendu sélectionnée à l'extrême.

C'est à celle-là qu'en dernier lieu s'est heurté le groupe D... en 1964. Elle est camouflée au centre d'une sorte de réseau de cercles concentriques de plus en plus étroits.

A la frange extérieure, il s'agit simplement de campagnes pour la paix, pour « la Libération des peuples », pour « la dissolution des blocs », etc. Plus au centre fonctionnent les réseaux de spécialistes des problèmes religieux. Il s'agit pour eux de gagner la confiance du Haut et du Bas Clergé, de ficher les cardinaux, évêques, prêtres, communautés, associations, de détecter les agents possibles, de signaler les « fascistes » et autres « intégristes » les plus dangereux. Au centre enfin, les réseaux d'espionnage proprement dit.

L'amitié, les recommandations, les introductions fournies par tel Cardinal, tel Évêque, tel prêtre, tel journaliste ou écrivain dans les milieux politiques, administratifs, scientifiques, industriels, économiques, sont des plus précieuses. Parfois bien plus que les cartes de visite de sénateurs ou de députés.

 

L'ESPION DU VATICAN

A ceux qui douteraient de ces activités, l'on peut citer d'abord un exemple pris hors de France et dont personne ne peut discuter l'authenticité, Au début des années 50, un père jésuite, professeur de Théologie à l'Université Grégorienne, est surpris en flagrant délit de vol de documents dans la chambre forte où sont enfermés les dossiers secrets du Vatican ! Il s'appelle AT... Il est le Secrétaire de Mgr Montini, alors collaborateur direct de Pie XII, aujourd'hui rien moins que le Pape Paul VI. Une enquête avait été ouverte depuis quelque temps, sous la direction d'un prêtre français attaché au Vatican et qui fut officier , du Deuxième Bureau Français à Alger durant la guerre.

Depuis deux ans en effet, chaque fois que des prêtres étaient envoyés clandestinement dans les pays de l'Est pour remplacer ceux que les régimes internaient, déportaient ou fusillaient, un « comité d'accueil » communiste se trouvait immédiatement sur place pour les arrêter à leur tour, avant même qu'ils aient pris leurs fonctions. De plus certaines dispositions secrètes de Pie XII étaient manifestement portées de temps à autre à la connaissance du P.C. italien, en matière de gestion des biens de l'Église .

Lorsqu'AT... est pris, il avoue qu'il s'est fait prêtre en 1936 sur ordre d'une Section Spéciale du P.C. italien, et qu'il a même suivi un stage à cet effet à l'Université Lénine de Moscou, d'où sortent les « chefs-espions », C'est directement à Palmiro Togliatti le Secrétaire Général du P.C italien qu'il passait ses renseignements depuis 1944.

Le Vatican a ses lois, AT... est simplement expulsé des ordres et de l'enceinte sacrée. L'année suivante il épouse la militante communiste Carmen Zanti. Il n'a cessé depuis de parcourir l'Europe. C'est ainsi qu'en mars 1965 il séjournait en Allemagne Orientale pour conseiller Walter Ulbricht en matière de politique religieuse. Depuis que Mgr. Montini est devenu Pape, à tort ou à raison, AT... affirme qu'il a été pardonné car « on » a su comprendre en haut lieu qu'il n'avait jamais eu qu'un but : travailler pour la Paix et la réconciliation des âmes.  

 

DE QUELQUES AFFAIRES DANS LES MILIEUX CATHOLIQUES FRANÇAIS

Le Clergé français n'a pas plus que d'autres échappé à ce genre de « travail », qu'il s'agisse simplement de propagande pro-communiste, d'affaires politico-policières, ou même de très bas étage. En mars 1957, « La semaine religieuse à Paris » publiait une mise en garde à l'égard d'un ouvrage et de son auteur, l'abbé IL... L'intéressé, juif lithuanien d'origine, militait à quinze ans dans les Jeunesses Communistes. Puis il devient l'un des animateurs du Mouvement International des Intellectuels Révolutionnaires. Selon diverses sources, il y fréquentait - nous voulons bien croire qu'il ignorait leur qualité - au moins deux agents soviétiques repérés par nos Services de Sécurité.

En tout cas, comme AT..., IL... « se convertit » brusquement au catholicisme en 1935-1936. Il fait son séminaire à Marseille puis travaille à l'Université Catholique de Lyon.

Vers la fin de l'année 1941 l'abbé IL... milite dans les équipes clandestines de diffusion de « Témoignage Chrétien ». Son activité est assez débordante et liée localement à celle des réseaux communistes des Bouches-du-Rhône pour que ses supérieurs l'expédient au Maroc.

On l'y retrouve après la guerre, à la direction du journal « Maroc-Monde », jusqu'en 1954. Ses positions sont à ce point imprégnées de marxisme que Mgr Lefébure, son supérieur hiérarchique, demande que l'abbé IL...quitte le pays. Il a déjà publié (outre sept romans et trois pièces de théâtre avant son noviciat) divers ouvrages aux titres évocateurs ;« Peines et espoirs du prolétariat » (Ed. Témoignage Chrétien 1947), puis « Marxisme, Philosophie ambiguë et efficace »(Ed. Laberbergerie), « Existence et existentialisme » (Témoignage Chrétien 1948) etc.

La psychanalyse l'attire en même temps qu'il poursuit, de retour en France, ses travaux d'écrivain bien plus que de prêtre attaché à convertir les âmes. La bande de couverture du dernier titre qui provoque en 1957 la « mise en garde » du Bulletin de l'Épiscopat parisien, n'a guère besoin d'être commentée. On y lit sous le titre : « Le monde chrétien et ses malfaçons », la phrase suivante ;« IL... n'a rien voulu renier de ce qu'il avait découvert de beau et de grand dans le communisme !» Mais cette première mise en garde est discrète. Elle est suivie d'une seconde, à propos du livre « Espoirs et Déboires du Progressisme » (La Table Ronde 1957) qu'il suffit de parcourir pour constater de quel côté penche l'action de ce curieux abbé .

Qu'on critique « le monde chrétien » est une attitude explicable. Rien n'est parfait et l'Église a ses tares, ses difficultés, ses brebis galeuses, comme d'autres églises puisqu'elle est maintenue par des hommes dont l'infaillibilité n'existe pas sur le plan temporel. Mais de là au combat qui établit un parallèle entre la charité chrétienne et l'action prétendument « libératrice » et « justicialiste » du communisme, puis estime qu'il faut agir en commun avec les communistes, il y a un pas allègrement franchi par l'abbé IL....

Certes, il explique qu'il a toujours le souci « d'éviter toute action organiquement commune avec le P.C.F. ». Mais il insiste : « Chaque fois qu'en tant que journaliste ma conscience m'a obligé à lutter contre certains crimes du colonialisme ou à soutenir les revendications légitimes des travailleurs, je me suis retrouvé dans la situation des compagnons de route ». Il se veut donc « progressiste » plus que « communiste », car d'ailleurs « le P.C.F. commet des maladresses ».

Autrement dit, s'il n'en commettait pas, la marge qui sépare ces deux conceptions n'existerait plus ! De la répression en Hongrie, en 1956, des massacres des croyants, quelle que soit leur Foi, des assassinats et déportations de non-croyants, d'agnostiques, en un mot de quelque vingt millions d'êtres humains en U.R.S.S., au nom de la Révolution, puis après 1944 dans les pays de l'Est, l'abbé IL... ne veut pas entendre parler.

Le combat contre « le colonialisme » et contre les défauts de son Église l'intéresse plus que de militer au sein de son Eglise. Pour lui l'ennemi ce sont les hommes connus pour leur refus du monde totalitaire. Certes, il s'est opposé au totalitarisme noir des nazis ; mais il ne voit rien de dangereux dans le totalitarisme rouge.

Aussi, après 1957, il s'efface dans l'ombre de ses amis gauchistes, mais en poursuivant son combat. C'est pourquoi IL..., tandis que Robert F... et d'autres se battent pour leur Foi, est chargé par ses amis de fournir les fiches utiles qui permettent de situer les activités et adresses des catholiques anti-communistes. Puis, craignant d'être découvert, tandis que l'ex-Père AT... séjourne auprès d'Ulbricht, il se fait envoyer en 1965 à Madagascar. Par qui, pour quelle besogne, il serait intéressant de le savoir. Le cas du prêtre belge B... en rupture de sacerdoce en 1956, privé du droit de dire la messe, qui fut professeur au Maroc en même temps que l'ami intime des trafiquants et truands de Tanger, est plus sordide. Il continue de porter la soutane, en 1958, après quelques passages en prison pour escroquerie. Puis on le retrouve avec ses amis Jo Attia et Bo... opérant au profit des « polices parallèles » pour repérer et provoquer les arrestations des adversaires politiques du régime gaulliste. A son actif deux « opérations » fructueuses ; l'arrestation du Lieutenant de Frégate Jacques R..., puis celle du Colonel Argoud. Dans tous les cas les « compagnons de route » de B... sont des progressistes bien connus. Un autre « abbé » a disparu en hiver 1965, qui ramène directement aux réseaux « Pax ». Séminariste au moment de la guerre, il réside à Lyon peu après la débâcle de 1940. Pour améliorer son ordinaire, il sert d'indicateur à la Brigade des Moeurs locales, puis après 1942, à la Gestapo. Il n'empêche qu'on retrouve cet abbé, seize ans plus tard, célébrant la messe et s'occupant des colonies de vacances et camps scouts de la paroisse de Montrouge.

Or, après 1958, la résidence de cet abbé sert de boîte-aux-lettres clandestine à l'un des réseaux de « Pax ». Il y héberge des étrangers qui ne tiennent pas à descendre dans les hôtels, et divers Algériens de l'organisation de combat du F.N.L. en France, en même temps, il est chargé de pénétrer les réseaux de l'O.A.S. A son actif, une dizaine d'arrestations entre 1962 et 1964, en Seine-et Marne, à Paris, en banlieue parisienne. Ce serviteur de « Pax » risque une affaire très grave en 1964. lI est pris en flagrant délit de détournement de mineurs, dans son propre appartement. La police étouffe le scandale à condition qu'il dépose dans le procès d'un ancien cadre de l'O.À.S, contre lequel on n'a pu trouver de témoins, sauf un journaliste fort introduit au Quai d'Orsay, mais dont les affinités trotskistes donneraient le flanc à la défense de celui qu'on veut à tout prix condamner.

L'abbé ne déposera pas : il apprend que l'homme qu'il devait accuser connaît son passé véritable. A quelques jours du procès, en 1965, il s'enfuit en Allemagne. Les réseaux de Boleslav Piasecki ont perdu à Montrouge une boîte-aux-lettres fort utile. A notre connaissance aucune enquête n'a été ouverte sur cet abbé. L'énumération pourrait hélas continuer. Les cas cités précédemment ne présentaient d'intérêt dans cet ouvrage que pour montrer que l'espionnage et la subversion trouvent rarement des recrues honorables.

Si les « illégaux » peuvent être des « seigneurs », car il s'agit d'étrangers qui servent leur pays ou leur idéologie en prenant des risques, les agents doubles qu'ils manipulent vivent en général à ras de terre, à fortiori lorsque ce sont des dignitaires de l'Église dont l'éducation et la formation furent assez complètes pour qu'ils soient parfaitement conscients de leur rôle.

De AT... à l'ex-abbé de Montrouge, la filiation est diverse. A un étage différent, par conviction, par ambition, par faiblesse de moeurs et de caractère, chacun a tout de même servi la même cause.

D'autres affaires, dans le cours de cet ouvrage, prouvent qu'aucune tranche sociale de notre société n'échappe au travail de sape de ceux qui, par n'importe quel moyen, veulent susciter l'autodestruction du monde occidental pour le mener progressivement au socialisme » !

 

 

 

 
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