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BIBLIOGRAPHIE - EXTRAITS DIVERS (sommaire)
MÉMOIRE ET OUBLI DU BOLCHEVISME
 

Texte publié dans la Revue PLAMIA - N° 98 ( février 1998 )

 par Alain BESANÇON

 Il y a un accord assez général, au moins entre les historiens membres de l'Institut, sur le degré de co-naturalité entre le communisme de type bolchevik et le national-socialisme. Je trouve heureuse l'expression de Pierre Chaunu des jumeaux hétérozygotes. Ces deux idéologies ont pris le pouvoir au XXe siècle (1). Elles se donnent pour but de parvenir à une société parfaite en arrachant le principe mauvais qui fait obstacle. Dans un cas le principe malin est la propriété, par conséquent les propriétaires, puis, comme le mal subsiste après la  « liquidation en tant que classe » de ceux-ci, la totalité des hommes, corrompus par l'esprit du « capitalisme » lequel vient se glisser jusque dans le parti com­muniste lui-même. Dans l'autre cas, le principe malin est situé dans les races dites inférieures, en premier lieu les juifs, puis, le mal continuant de subsister après leur extermination, il faut le pour­chasser dans les autres races et dans la « race aryenne » elle-même, dont la « pureté » est polluée. Communisme et nazisme invoquent pour leur légitimité l'autorité de la science. Ils se proposent de rééduquer l'humanité et de créer un homme nouveau.

Ces deux idéologies se prétendent philanthropiques. Le national-socialisme veut le bien du peuple allemand et déclare rendre service à l'humanité en exterminant les juifs. Le communisme léniniste veut directement le bien de l'humanité entière. Cet universalisme du communisme lui donne un avantage immense sur le nazisme, dont le programme n'est pas exportable. Les deux doctrines proposent des idéaux élevés, propres à susciter le dévouement enthousiaste et des actes héroïques. Cependant elles dictent aussi le droit et le devoir de tuer. Pour citer Chateaubriand, ici prophétique: « Au fond de ces divers systèmes repose un remède héroïque avoué ou sous-entendu, ce remède est de tuer (2) ».  Et Hugo : « Tu peux tuer cet homme avec tranquillité » ? Ou des catégories entières d'hommes ? Ce que ces doctrines ont fait quand elles ont accédé au pouvoir, à une échelle inconnue dans l'histoire. C'est pourquoi, aux yeux de ceux qui sont étrangers au système, nazisme et communisme sont criminels. Également criminels ? Pour avoir étudié l'un et l'autre, et connaissant les records en intensité dans le crime du nazisme (la chambre à gaz) et en extension du communisme (plus de soixante deux millions de morts), le genre de perversion des âmes et des esprits opérés par l'un et par l'autre, je crois qu'il n'y a pas lieu d'entrer dans cette discussion dangereuse, et qu'il faut répondre tout simplement et fermement : oui, également criminels ? Oui, mais les communistes ont été les premiers!

Ce qui nous pose question est ceci : comment se fait-il qu'aujourd'hui, c'est­à-dire en 1997, la mémoire historique, les traite inégalement et au point de sembler oublier le communisme?

Sur le fait de cette inégalité il n'est pas besoin de nous étendre. Dès 1989, l'opposition polonaise, primat de l'Église en tête, recommandait l'oubli et le pardon. Dans la plupart des pays qui sortaient du communisme il n'a pas été question de châtier les responsables qui avaient, tué, privé de liberté, ruiné, abruti leurs sujets et cela pendant deux ou trois générations. Sauf en Allemagne de l'Est et en République tchèque, les communistes ont été autorisés à rester dans le jeu politique, ce qui leur a permis de reprendre çà et là le pouvoir. En Russie, et dans d'autres républiques le personnel diplomatique et policier est resté en place. En Occident, cette amnistie de fait a été jugée favorablement. On a comparé la confirmation de la nomenklatura à l'évolution thermidorienne des anciens jacobins. Depuis quelques temps nos médias reparlent volontiers de « l'épopée du communisme » (3). Le passé kominternien, du parti communiste, dûment exposé et documenté, ne l'empêche nullement d'être accepté dans le sein de la démocratie française.

En regard, la damnatio memoriae, du nazisme, bien loin de connaître la moindre prescription, semble s'aggraver tous les jours. Une ample bibliothèque s'enrichit chaque année. Des musées, des expositions entretiennent, et avec raison, l'horreur du crime (4).

Consultons sur minitel le service de documentation d'un grand journal du soir (5). Sélectionnons les «  sujets », appelés par des mots clés, qui ont été traités de 1990 au 14 juin 1997, jour de ma consultation.

A « nazisme », 480 occurrences. A « stalinisme », 7. A « Auschwitz », 105. A « Kolyma », 2. A Magadan, 1. A « Kouropaty», 0. A « famine en Ukraine » (5 à 6 millions de morts en 1933), 0. Ce sondage n'a qu'une valeur indicative.

Alfred Grosser, à propos de son livre La Mémoire et l'Oubli, déclarait en 1989: «  Ce que je demande, c'est que lorsqu'on pèse la responsabilité des crimes passés, on applique les mêmes critères à tout le monde » (6). Certes, mais c'est très difficile et c'est en simple historien et non en juge que je voudrais seulement aujourd'hui, sine ira et studio, essayer d'interpréter ces faits. Je ne peux songer à épuiser le sujet. Mais au moins puis-je énumérer une liste non limitative de facteurs.

1) Le nazisme est mieux connu que le communisme, parce que le placard aux cadavres a été grand ouvert par les troupes alliées, et que plusieurs peuples européens occidentaux en ont eu une expérience directe.

J'ai souvent demandé à des publics d'étudiants s'ils avaient eu connaissance de la famine artificielle organisée en Ukraine en 1933. Ils n'en avaient pas entendu parler. Le crime nazi a été princi­palement physique. Il n'a pas contaminé moralement ses victimes et ses témoins, de qui on ne requérait pas une adhésion au nazisme... Il est donc repérable, flagrant. La chambre à gaz conçue pour exterminer industriellement une portion délimitée de l'humanité est un fait unique. Le Goulag, le Laogaï restent en­veloppés de brouillard, et demeurent un objet distant, indirectement connu. Une exception : le Cambodge, dont on ouvre aujourd'hui les charniers (7).

2) Le peuple juif a pris en charge la mémoire de la Shoah. C'était pour lui une obligation morale qui s'inscrivait dans la longue mémoire des persécutions ; une obligation religieuse liée à la louange ou à l'interrogation passionnée, à la manière de job, du Seigneur qui a promis de protéger son peuple et qui punit l'injustice et le crime. L’humanité entière doit donc rendre grâce à la mémoire juive pour avoir conservé pieusement les archives  de la Shoah (8). L'énigme est du côté des peuples qui ont oublié et j'en parlerai tout à l'heure. Ajoutons que le monde chrétien procède depuis l'événe­ment à un examen de conscience et se sent atteint intimement par l'ineffaçable blessure (9).

3) La saisie du nazisme et du communisme dans le champ magnétique polarisé par les notions de droite et de gauche. Le phénomène est complexe. Pour une part l'idée de gauche accom­pagne l'entrée successive des classes sociales dans le jeu politique démocratique. Mais il faut remarquer que la promotion de la classe ouvrière américaine a exclu l'idée socialiste, et que la classe ouvrière anglaise, allemande, scandinave, espagnole, tout en montant en puissance, a opposé un refus majoritaire à l'idée communiste. C'est seulement en France et en Tchécoslovaquie, dans l'immédiate avant-guerre, et plus tard en Italie, que le communisme a pu prétendre s'identifier au mouvement ouvrier et ainsi devenir un des membres de droit de la gauche. Ajoutons qu'en France, des historiens comme Mathiez, admirateurs de la Grande Révolution, ont mis tout naturellement octobre 1917 en parallèle avec 1792 et la terreur bolchevique en parallèle avec la terreur jacobine.

D'autre part, bien des historiens d'avant-guerre gardaient une vive conscience des racines socialistes ou prolétariennes du fascisme italien et du nazisme allemand. Je prends à témoin le livre classique d'Elie Halévy, Histoire du socialisme européen, écrit en 1937. Le chapitre III de la cinquième partie est consacré au socialisme de l'Italie fasciste. Le chapitre IV au national-socialisme. Ce dernier régime, en se déclarant anticapitaliste, en dépossédant ou en éliminant les anciennes élites, en se donnant une forme révolutionnaire, avait quelque titre à figurer, ce qui serait aujourd'hui inconcevable, dans une histoire du socialisme.

4) La guerre, en nouant une alliance militaire entre les démocraties et l'Union soviétique a affaibli les défenses immunitaires occidentales contre l'idée communiste, pourtant très fortes au moment du pacte Hitler-Staline, et provoqué une sorte de blocage intellectuel. Pour faire la guerre avec coeur, une démocratie a be­soin que son allié possède un certain degré de respectabilité ; au besoin, elle le lui prête. L’héroïsme militaire soviétique prenait, sur encouragement de Staline, une forme purement patriotique, et l'idéologie communiste, mise en réserve, se cachait. A la différence de l'Europe orientale, l'Europe occidentale n'a pas eu l'expérience directe de l'arrivée de l'armée rouge. Celle-ci a donc été vue comme libératrice au même titre que les autres armées alliées, ce que ne ressentaient ni les Baltes, ni les Polonais. Les soviétiques ont été juges à Nüremberg (10). Les démocraties ont consenti à des sacrifices très lourds pour abattre le régime nazi. Elles n'ont accepté ensuite que des sacrifices plus légers pour contenir le régime so­viétique, voire à la fin, pour l'aider à durer, dans un souci de stabilité. Il s'est écroulé de lui-même et sur son propre néant, sans que les démocraties y fussent pour beaucoup. Leur attitude ne pouvait être la même, ni leur jugement égal, ni leur mémoire impartiale.

5) Un des grands succès du régime soviétique est d'avoir diffusé et peu à peu imposé sa propre classification idéologique des régimes politiques modernes. Lénine les ramenait à l'opposition du socialisme et du capitalisme. Jusque dans les années trente, Staline a conservé cette dichotomie. Le capitalisme, dit aussi impérialisme, englobait les régimes libéraux, les régimes sociaux-démocrates, les régimes fascistes et, enfin, national-socialistes. Cela permettait aux communistes allemands de tenir la balance égale entre les « sociaux fascistes » et les nazis. Mais, en décidant la politique dite des fronts populaires, le classement est devenu celui-ci: le socia­lisme (c'est-à-dire le régime soviétique), les démocraties bourgeoises (libérales et sociale démocrates) et enfin le fascisme. Sous le nom de fascisme étaient compris ensemble le nazisme, le fascisme mussolinien, les régimes autoritaires divers qui dominaient en Espagne, au Portugal, en Autriche, en Hongrie, en Pologne etc., et finalement les droites extrêmes des régimes libéraux. Une chaîne continue reliait par exemple Chiappe à Hitler, en passant par Franco, Mussolini etc. La spécificité du nazisme était gommée. De plus il était fixé à droite, sur laquelle il projetait sa noire lumière. Il devenait la droite absolue, tandis que le soviétisme était la gauche absolue.

Le fait étonnant est que dans un pays comme la France, cette classification s'est incrustée dans la conscience historique. Considérons nos manuels d'histoire à usage de l'enseignement secondaire et supérieur. Le classement est généralement celui-ci : le régime soviétique ; les démocraties libérales, avec leur gauche et leur droite ; les fascismes, c'est-à-dire le nazisme, le fascisme italien, le franquisme espagnol etc. C'est une version atténuée de la vulgate soviétique. En revanche, on ne trouve pas souvent dans ces manuels la classification correcte, celle sur laquelle s'accordent les historiens d'aujourd'hui, mais qui avait dès 1951 été proposée par Hannah Arendt, à savoir : ensemble les deux seuls régimes totalitaires, communisme et nazisme, les régimes libéraux, les régimes autoritaires (Italie, Espagne, Hongrie, Amérique latine) qui relèvent des catégories classiques de la dictature et de la tyrannie répertoriées depuis Aristote (11).

6) La faiblesse des groupes capables de conserver la mémoire du communisme. Le nazisme a duré douze ans, le communisme européen, selon les pays, entre cinquante et soixante dix ans. La durée a un effet autoamnistiant. Durant ce temps immense, en effet, la société civile a été atomisée, les élites ont été successi­vement détruites, remplacées, rééduquées. Tout le monde ou presque, du haut en bas, a trafiqué, a trahi, s'est moralement dégradé. Plus gravement encore, la plupart de ceux qui auraient été en mesure de penser, ont été privés de connaître leur histoire et ont perdu leur capacité d'analyse. A lire la littérature d'opposition russe, qui est la seule véritable littérature du pays, on entend une plainte déchirante, l'expression touchante d'une détresse infinie, mais presque jamais on ne rencontre une ana­lyse rationnelle (12).

La conscience du communisme est douloureuse, mais elle demeure confuse. Aujourd'hui les jeunes historiens russes ne s'intéressent guère à cette période vouée à l'oubli et au dégoût. L’ État, d'ailleurs, referme les archives. Le seul milieu qui aurait pu porter la mémoire lucide du communisme est celui de la dissidence, née aux alentours de 1970. Mais elle s'est rapidement décomposée en 1991 et n'a pas été capable de participer au nouveau pouvoir. C'est pourquoi son entreprise du Mémorial, n'a pu prendre racine ni se développer. Il est en effet nécessaire que l'organe qui ait pour fonction de porter la mémoire atteigne une certaine masse critique, par le nombre, la puissance, l'influence. Les Arméniens n'ont pas tout à fait atteint cette masse critique (13). Bien moins encore les Ukrainiens, les Kazakhs, les Tchétchènes, les Tibétains et j'en passe de nombreux.

Rien n'est si problématique, après la dissolution d'un régime totalitaire, que la reconstitution dans le peuple d'une conscience morale et d'une capacité intellectuelle normales. A cet égard l'Alle­magne post-nazie se trouvait en meilleure posture que la Russie post-soviétique. La société civile n'avait pas eu le temps d'être détruite en profondeur. Jugée, punie, dénazifiée par les armées occidentales, elle a été capable d'accompagner ce mouvement de purification, de se juger elle-même, de se souvenir et de se re­pentir.

Il n'en a pas été ainsi en Europe de l'Est, et l'Occident en a sa part de responsabilité. Quand les communistes russes ont transformé leur possession générale des biens en propriété légitime, quand ils ont légitimé leur pouvoir de fait par le suffrage universel, quand ils ont remplacé le léninisme par le nationalisme le plus chauvin, l'Occident a jugé inopportun de leur demander des comptes. C'était le pire service qu'il pouvait rendre à la Russie. L’ubiquité des statues de Lénine sur les places publiques de Russie n'est que le signe visible d'un empoisonnement des âmes dont la cure prendra bien des années. Du côté occidental, la vulgate historique laissée par le Komintern des Fronts populaires est loin d'être effacée. L'enveloppement de l'idée léniniste par l'idée de gauche, qui eût fait horreur cependant à Kautsky, à Bernstein, à Léon Blum, à Bertrand Russel et même à Rosa Luxembourg, fait qu'aujourd'hui cette idée est parfois assimilée à un avatar malheureux, ou à un accident en quelque sorte météorologique de cette même gauche, et maintenant qu'elle a disparu, cette idée demeure comme un projet honorable qui a mal tourné.

7) L'amnésie du communisme pousse à l'hypermnésie du nazisme et réciproquement quand la simple et juste mémoire suffit à les condamner l'un et l'autre. C'est un trait de la mauvaise conscience occidentale, depuis des siècles, que le foyer du mal absolu doit se trouver dans son sein. L'opinion a varié sur cette localisation. Le mal a été parfois situé dans l'Afrique du Sud de l'apartheid, dans l'Amérique de la guerre du Viet­Nam. Mais il est toujours resté centré sur l'Allemagne nazie (14). Russie, Corée, Chine, Cuba étaient senties comme extérieures, ou poussées vers l'extérieur dans la mesure où l'on préférait détourner les yeux. Le vague remords qui accompagnait cet abandon était compensé par une vigilance, une concentration farouche de l'attention sur tout ce qui était entré en relation avec le nazisme, sur Vichy en premier lieu, ou, aujourd'hui, sur ces idées perverses qui suppurent dans certains noyaux des extrêmes droites européennes.

Un des traits du XXe siècle est non seulement que l'histoire y a été horrible sous le rapport du massacre de l'homme par l'homme mais que la conscience historique, et ceci explique cela, a eu un mal particulier à s'orienter correctement. Orwell remarquait que beau­coup étaient devenus nazis par une horreur motivée du bolchevisme, et communistes par une horreur motivée du nazisme. Cela signale le danger des falsifications historiques. Nous en voyons une en train de se former et il serait dommage que nous léguions au prochain siècle une histoire faussée.

Pour conclure, un espoir. Il a fallu des années pour prendre une conscience complète du nazisme, parce qu'il excédait ce qu'on croyait possible et que l'imagination humaine était impuissante à le saisir. Il pourrait en être de même du communisme, dont les oeuvres ont ouvert un abîme aussi profond, et qui ont été protégées, comme Auschwitz l'a été jusqu'en 1945, par l'invraisemblable, l'incroyable, l'impensable. Le temps, dont la fonction est de dévoiler la vérité, fera peut-être, là encore, son office.

 

(1) Toutes deux plongent leurs racines dans la philosophie romantique allemande, quoique pas dans la même famille. Les grands philosophes romantiques sont bien entendu parfaitement irresponsables de ces rejetons bâtards et monstrueux.

Jumeaux, ils le sont certes, mais leur naissance, ou plutôt leur accession au pouvoir est distante l'une de l'autre d'une quinzaine d'années. Cela fait que le nazisme est analysable en partie (seule­ment en partie car il ne s'y réduit pas) comme une réaction au bolchevisme. Il l'a imité dans plusieurs de ses institutions : police politique, camps de concentration, propagande. Inversement, il est arrivé que Staline se mette à l'école de Hitler. Ainsi il a pris dans « la Nuit des longs couteaux » l'idée de la « grande purge » qui commence en décembre 1934. Généreusement, il a multiplié envi­ron par mille le nombre des victimes.

(2) Et Chateaubriand ajoute: «  Massacrez sans faiblesse tout ce qui empêche le genre humain d'avancer. La guérison de nos maux, dit l'homme, c'est la mort. Mais la mort laisse vivre le mal et ne tue que le méchant ; le ciel avait dit : c'est la patience. La patience tue le mal et laisse mourir le méchant. > (Mémoires d'Outre Tombe,  quatrième partie,XII,7.)

(3) Les volontaires des brigades internationales ont reçu en France Ie statut d'anciens combattants. Certains d’entre eux, après avoir combattu en Espagne, sont restés chez eux tout le temps de l'oc­cupation de leur pays.

(4) Le moindre contact intellectuel avec le nazisme, fût-ce dans un temps où sa criminalité n'était pas connue ou seulement en gestation, suffit à déshonorer des artistes et des écrivains célèbres, ainsi Cioran. La même année où les errements d'avant-guerre de celui-ci étaient dévoilés, les œuvres d'Aragon étaient publiées dans la Pléiade, au milieu d'un concert unanime de louange, sans qu'on fît mention, autrement que pour l'excuser, de sa longue performance stalinienne.

(5) Code : 3617 LMDOC

(6) Le Figaro, 16 novembre 1989.

(7) Je n'ai pas entendu dire que les journalistes qui ont salué la « libération de Phnom Penh » et fait l'éloge de PoL Pot, torturés par le remords, se soient jetés dans un couvent.

(8) Le célèbre film de Lanzmann sur la Shoah, me signale Henri Amouroux, n'a jamais été projeté ni en Union Soviétique ni ensuite en Russie. Du temps du soviétisme il était interdit de mentionner spécialement les Juifs, puisque dans le cadre général de la classification des régimes, il n'existait que des « victimes du fascisme ». Aujourd'hui, on se soucie peut-être de ne pas soulever chez les spectateurs le souvenir de faits analogues dont ils ont été témoins.

(9) Ce qui n'est pas le cas des musulmans qui ne s'estiment pas concernés au même degré.

(10) On sait que le procureur soviétique a voulu requérir contre les dirigeants nazis sur le crime de Katyn. Les juges américains, anglais et français ont obtenu que cette question, pourtant déjà résolue dans leur esprit, ne soit pas soulevée. Il fallut attendre la chute du communisme en Russie, pour que la responsabilité du gouvernement soviétique soit officiellement reconnue. Aucun des auteurs survivants de Katyn n'a été poursuivi.

(11) Il faut noter ici deux autres versions. La première, qui a eu un moment la préférence de de Gaulle, tendait à écarter le fait idéologique. Demeurait donc le facteur national et la tradition de l'histoire: la Russie, l'Allemagne, le concert des nations, la symétrie des deux empires, le russe et l'américain. Cette interprétation avait une certaine valeur pratique, mais elle laissait de côté beaucoup de faits et exposait à certains dangers. La seconde a eu, après le Concile Vatican II, un certain succès dans le monde chrétien. Elle acceptait plus ou moins consciemment la version soviétique, dans la mesure où elle consentait à ce que le monde se répartît entre une société socialiste et une société capitaliste. Or il n'y a pas de société socialiste, il n'y a que des régimes de type soviétique, et, d'autre part, le monde occidental ne se laisse pas réduire au concept de capitalisme. Cette concession faite, il restait à proposer l'utopie d'une troisième voie différente et équidistante du socialisme et du capitalisme, eux-mêmes sans autre réalité ni substance qu'idéologique.

(12) Cela fait la valeur d'un texte comme celui d'Andreï Amalrik, L'Union Soviétique survivra-t-elle en 1984 ? (trad. de Michel Tatu et préface d'Alain Besançon, Paris, Fayard, 1970). Et de certains essais d'Alexandre Zinoviev.

(13) On sait qu'ils n'arrivent pas à obtenir de la Turquie la reconnaissance du génocide dont ils ont été l'objet en 1915

(14) Un exemple : dans le numéro d'Esprit  de juin 1997, consacré aux problèmes religieux de notre temps, il est souvent question du Mal absolu tel qu'il est advenu dans notre siècle. La référence est toujours le Nazisme, et pas une fois, pour autant que j'ai bien lu ce numéro, au communisme, bien que les auteurs n'aient probablement aucune sympathie pour ce régime. Mais dans leurs analyses, ils n'y ont pas songé.

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